Salut à tous, nous revoici, pour un nouvel article !
Déjà, le troisième article traitant d'élections, mais cette année est une année électorale dans la Caraïbe.
Aujourd'hui, nous allons aborder les prochaines élections générales qui se dérouleront à Trinidad & Tobago, ce lundi 10 août 2020.
Cet article sera l'occasion de découvrir TT (oui, je vais très souvent simplifier ^^) autrement que par le carnaval et la soca ! Let's Go !
PRÉSENTATION ET CONTEXTE
Situé au sud de l'arc antillais, Trinidad et Tobago est le plus grand (5131 km²) et le plus peuplé des Etats des Petites Antilles (1 208 789 habitants).
Comme l'indique son nom, Trinidad et Tobago est un archipel, composé de Trinidad, la plus grande île où siège la capitale économique et politique Port of Spain ; et Tobago, qui bénéficie d'une relative autonomie à travers la Tobago House of Assembly.
Ancienne colonie britannique, Trinidad & Tobago est indépendante depuis le 31 août 1962, après être passé par une brève expérience de Fédération des Indes Britanniques entre 1958 et 1962 (on en reparlera dans un article, promis).
Constitutionnellement, Trinidad et Tobago est l'un des deux pays caribéens du Commonwealth à posséder, depuis 1976, le statut de République, d'où son nom officiel "République de Trinidad et Tobago". (L'autre Etat étant la Dominique)
Le pays est donc dirigé par un.e Président.e de la République. Ce dernier n'ayant qu'un rôle symbolique. Il est chargé de veiller au respect de la Constitution, de désigner un Premier ministre issu de la majorité, et de désigner les sénateurs proposés par le Premier Ministre et le Chef de l'Opposition.
A l'instar des autres Etats, le Premier Ministre forme son cabinet (le Gouvernement). Ils sont élus pour 5 ans après les Elections Générales. Au cours de cette dernière, la population doit voter pour les 41 députés qui siégeront à la chambre des Représentants.
Le Sénat, lui, est composé de 31 personnes : 16 personnes proposés par le Premier Ministre, 9 par l'Opposition et 9 membres issus de la société civile désignés par la Présidente.
La dernière élection s'est déroulée en 2015, elle a été remporté par le People National Movement mené par le Dr Keith ROWLEY contre la Première Ministre sortante issu du United National Congress (UNC).
LES PARTIS EN LICES
Officiellement, 19 partis politiques sont en lice pour cette élection générale. Néanmoins, ces partis ne briguent pas toute les circonscriptions électorales. Seul le PNM brigue toutes les circonscriptions, l'UNC étant en lice sur 39 des 41 circonscriptions.
Le People's National Movement : Créé en 1956, par ERIC WILLIAMS, le père de la Nation trinidadienne. Au pouvoir depuis la brève expérience de Fédération des Indes Orientales, ils obtiennent l'indépendance de Trinidad & Tobago en 1962. Eric Williams devient alors Premier Ministre jusqu'à sa mort en 1981.
Sous Patrick MANNING, le PNM a dominé la vie politique trinidadienne entre 1991 et 1995, puis de 2001 à 2010.
Ce parti a pour objectif de réduire les inégalités de richesses et le développement social du pays.
Depuis l'élection générale de 2015, ils ont la majorité au sein de la House of Assembly.
United National Congress
Issu d'une scission avec le National Alliance (aujourd'hui disparu), c'est un des deux grands partis de Trinidad & Tobago. Ce parti historiquement assimilé à la communauté indo-trinidadienne a été au pouvoir entre 1995 et 2001, puis entre 2010 et 2015.
Le leader est l'ancienne premier Ministre, Kamla PERSAD-BISSESSAR.
UNE ELECTION SOUS FOND DE CORONAVIRUS
Cette campagne électorale 2020 est inédite. En effet, la pandémie du COVID-19 a contraint les partis à suspendre la campagne pré-électorale. Même si le déconfinement a été entamé à partir du 1er juin, le Premier Ministre ROWLEY n'a annoncé la date du scrutin et la dissolution du Parlement que le 03 juillet 2020 ; ceci instaurant une campagne électorale relativement courte.
Une campagne qui a du s'adapter aux mesures gouvernementales contre la propagation du virus, les meetings étaient limités, une campagne numérique s'est alors mise en place, même si des rassemblements ont quand même eu lieu.
Une pandémie que le gouvernement semble avoir très bien géré, si on en croit en les études de l'Université d'Oxford qui a classé le pays comme l'une des meilleurs gestions et préparation pour l'après confinement. En effet, à la date d'aujourd'hui, le Ministère de la Santé communique le nombre de 225 cas confirmés pour 8 décès au total.
Cependant, ces dernières 24h, 30 cas ont été rapportés, chiffre qui effraie le gouvernement qui appelle la population à davantage se responsabiliser.
UN PAYS HANTE PAR LES DIVISIONS RACIALES
Une campagne qui a également fait resurgir les divisions raciales qui hante le pays. Des divisions entre les indo-trinidadiens et afro-trinidadiens qui apparaissent subtilement dans certains spots électoraux de l'UNC, crispant une frange de la population. Dans ces spots, les indo-trinidadiens renvoient souvent à la réussite, à l'entreprenariat alors que les afro-trinidadiens sont davantage renvoyer à une image rappelant la pauvreté et la délinquance.
UN PAYS EN MANQUE D’ÉNERGIE ECONOMIQUE
Cette crise sanitaire vient alourdir la tâche d'un gouvernement qui a l'énorme mission de redresser une économie à bout de souffle depuis presque 10 ans.
En effet, l'industrie (énergie) représente près de 42% du PIB du pays, les 56 % restants se répartissent entre les services (Commerçants et Finances essentiellement). Cependant, depuis le début des années 2010, "le troisième choc pétrolier" a durement touché le pays. La plus grosse entreprise pétrolière du pays PETROTRIN a accumulé près de 10 milliard de dollars de dette, perdant chaque année 2 milliards d'euros.
L'entreprise a déclaré faillite en août 2018 et a cessé l'ensemble de ses activités en novembre 2018, laissant près de 3500 personnes sans emplois. Le gouvernement actionnaire majoritaire de la compagnie a du lancer un vaste plan social pour rediriger certains employés, mettre en place des plans de retraite ...
Cette fermeture a également été l'un des sujets de la campagne électorale. Le gouvernement souhaite vendre la raffinerie de Pointe-à-Pierre, opération qui devrait relancer la dernière raffinerie de Trinidad & Tobago.
AUCUNE NOUVELLE PROPOSITION VERS UNE INDUSTRIE DURABLE
Dans le camps UNC, ils proposent que la raffinerie reste propriété de l'Etat et de la redémarrer. Un plan est également mis en place pour relancer l'industrie agroalimentaire, via les usines de sucre. Proposition perçue comme un retour en arrière et surtout tardive, car depuis 2007, la dernière distillerie CARONI a fermé ses portes, obligeant le pays a accroitre l'importation de canne à sucre et de mélasse pour la production du rhum ANGOSTURA.
Les plans de relance de l'UNC affichent également l'ambitieux projet de créer 50 000 emplois à l'horizon 2025.
Du côté du PNM, le manifeste de 2015 a été repris et modifié pour une programmation appelé VISION2030. Il prévoit de diversifier l'économie trinidadienne vers d'autres secteurs non pétroliers (tel que l'acier ou l'aluminium), mais envisage également de nouveaux forages.
Le PNM promet également la relance du secteur touristique. En effet, hormis lors du carnaval, le tourisme ne représente qu'un pourcentage infime dans le PIB ; en 2019, l'aéroport Piarco International a enregistré 388 000 visiteurs contre 700000 à la Barbade. Pour cela, il est envisagé de miser sur Tobago, ayant un potentiel économique dans le tourisme vert.
Néanmoins, aucun d'entres eux, ne semble proposer une alternative pertinente le développement d'investissements dans des énergies renouvelable. Si ce n'est une petite proposition sur les véhicules hybrides.
FAIRE CHUTER LA CRIMINALITE
Enfin l'un des autres défis majeurs de ces élections est l'épineuse question de la criminalité à Trinidad & Tobago. Le pays est régulièrement classé parmi les pays les plus dangereux par les autorités américaines, canadiennes et britannique. En 2019, 539 homicides ont été signalés par la Police contre 420 en 2015, soit une augmentation de près de 78%.
Lundi 10 août 2020, les trinidadiens devront faire le choix de leurs avenirs et choisir ceux qui apporteront un souffle nouveau à un pays qui doit obligatoirement se redéfinir économiquement et s'apaiser socialement ; afin de continuer à être le centre économique et financier régional caribéen.
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