Salut à tous !
Nous revoici pour un nouvel article. Aujourd’hui, nous allons à nouveau traiter d’élections ! Cette fois-ci, nous ferons un grand bon vers les Grandes Antilles et poser nos valises en République Dominicaine.
Oubliez définitivement Punta Cana et tous les autres clichés, nous irons à Santo Domingo, plus précisément au Palais National.
Merci beaucoup à Elena pour les informations importantes qu’elle m’a apporté pour la rédaction de ce bulletin.
Comme d’habitude, commençons par une petite présentation du pays.
PRÉSENTATION ET CONTEXTE
Situé sur l’île d’Hispaniola, qu’elle partage avec Haïti, la République Dominicaine est une ancienne colonie espagnole qui pris son indépendance en 1844. Elle est le troisième Etat le plus peuplé de la Caraïbe avec 10 448 499 habitants ; avec ses 48 671 km², elle se hisse à la deuxième place du classement des plus grands Etats de la Caraïbe.

Son Histoire sera ensuite marquée par les occupations/interventions américaines, des coups d’Etat, mais surtout la terrible dictature de Rafael TRUJILLO dont l’ombre a hanté le pays durant toutes les présidences de Joachim BALAGUER (1966-1978 – 1986-1996). Le retour à la démocratie avec des élections libres ne s’opéra qu’à partir de 1963, avec l’élection de Juan BOSCH, malheureusement évincé quelques mois plus tard par un coup d’Etat.
Sur le plan constitutionnel, la République Dominicaine est dotée d’un système bicaméral : Sénat (32 membres) et d’une Chambre de Député (190 membres) renouvelé tous les quatre ans lors des élections générales.
Ces élections générales, sont également composées des élections présidentielles. Le président, chef de l’exécutif, est élu pour un mandat de 4 ans, limité à deux mandats consécutifs. Le président est secondé par un.e vice président.e.

De gauche à droite : Rafael TRUJILLO, Joaquin BALAGUER, Juan BOSCH
LES CANDIDATS EN LICE
Depuis 2004, le pays est dirigé par le Parti de la Libération Dominicaine. Créé en 1973, c’est le deuxième de Juan BOSCH après une scission du Parti de la Révolution Dominicaine (PRD), également créé par BOSCH. Le parti se revendiquant de courant progressiste, ils placent l’égalité sociale, le respect des libertés individuelles au centre de son action politique.

Après avoir été pendant plusieurs décennies l’opposition au régime de BALAGUER, ils accèdent au pouvoir en 1996 suite à une alliance inédite entre BALAGUER et BOSCH ; le jeune Leonel FERNANDEZ devenant ainsi président de la République Dominicaine jusqu’en 2012, malgré une parenthèse PRD entre 2000 et 2004.
Depuis les élections générales de 2012, Danilo MEDINA issu du PLD est à la tête de l’Etat. À la suite de tergiversation, il a décidé de soutenir son Ministre des Travaux Publics Gonzalo CASTILLO pour les élections de 2020.
Danilo MEDINA,
Président de la République Dominicaine
Le Parti de la Révolution Moderne (PRM). Ce parti a fait son entrée dans la scène politique dominicaine en 2015, suite à une dissension avec le PRD. Ce jeune parti, mené par Luis ABINADER parti se définit d’inspiration sociale-libérale. Lors de leurs premières élections, en 2016, ils obtiennent 35 % des voix aux présidentielles et 41 députés à la Chambre.
Fuerza del Pueblo (FP). Le plus jeune parti, créé en 2019, de ces élections est également issu d’une scission ! Cette fois-ci avec le PLD et est mené par l’ancien président Leonel FERNANDEZ. Ce dernier a préféré quitter le PLD après sa défaite aux primaires du parti, qualifiant la victoire de Gonzalo CASTILLO comme étant entaché de fraudes.
Trois autres candidats provenant de petits partis sont également en lice pour l’élection présidentielle : Guillermo MORENO (ALPAIS), Juan COHEN (PNVC), Ismael Reyes (PDI).

Guillermo MORENO (ALPAIS), Juan COHEN (PNVC), Ismael REYES (PDI)
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE, UNE CROISSANCE ECONOMIQUE INÉDITE
Les principaux instituts de sondage dominicains prévoient la victoire Luis ABINADER. En effet, celui-ci se positionne comme le candidat incarnant une nouvelle génération en politique. Soutenu par la jeunesse et la classe moyenne, il souhaite mettre fin à la corruption qui gangrène l’administration dominicaine et offrir à la République Dominicaine un nouveau souffle en rassemblant toutes les classes et générations.

Luis ABINADER, Candidat PRM et favori à l’élection
Cette élection pourrait être le procès, non pas de la Politique du président Danilo MEDINA, mais des 16 ans de PLD en République Dominicaine.
Sur le papier, le bilan de MEDINA est flatteur : la Dominicanie est l’une des économies les plus florissantes de la Communauté d'Etats Latino-Américains et Caraïbes (CELAC), avec une croissance de 5,5 % en 2019 ; le gouvernement revendique également 770 000 emplois créés entre 2012 et 2018 et un taux de pauvreté en forte baisse.
97 MILLION DE POT DE VIN A DES ELUS LOCAUX
Néanmoins, les affaires de corruption ont fortement bousculé le pouvoir en place, notamment le grand scandale ODEBRECHT (ayant conduit à la destitution de Dilma ROUSSEF et de nombreux présidents en Amérique du Sud) révélant un système de pot-de-vin de 92 millions de dollars provenant du conglomérat de BTP à des élus locaux. Un scandale visant particulièrement le Ministre des Travaux Publics Gonzalo CASTILLO, actuel candidat à l’élection présidentielle.

Favoris des sondages, l’homme d’affaire Luis ABINADER profite des manœuvre politiciennes et tensions internes qui ont miné le PLD, entre les deux hommes forts FERNANDEZ et MEDINA.
Ce dernier ayant même tenté une réforme constitutionnelle lui permettant de briguer un troisième mandat de président.
Gonsalo CASTILLO, candidat du PLD,
Ministre des Travaux Publics
Les élections municipales du 15 mars 2020 ont vu la victoire du PRM, obtenant 81 municipalités sur 158 que compte le pays. Le scrutin du 05 juillet devra alors confirmer l’affirmation du Parti Révolutionnaire Moderne dans l’échiquier politique dominicain.
SANTE, EDUCATION, CORONAVIRUS, UN PRÉSIDENT FACE A DES DÉFIS COLOSSAUX
Après une campagne électorale bousculée par la crise du Coronavirus, la République Dominicaine s’apprête à élire un président qui devra dès son élection limiter la propagation du Coronavirus sur le territoire national. Rappelons-le, le pays est l’Etat caribéen le plus touché par la COVID-19, avec 29 000 contaminés et 700 morts.
II devra également affronter la crise économique mondiale liée à la pandémie qui se profile. Dans un pays où le tourisme est le pilier central de l’économie, il faudra rassurer les touristes de revenir sur le territoire en toute quiétude.
Les défis ne se limitent pas uniquement à la seule crise du COVID-19, mais aussi sur le renforcement du système éducatif et de santé ; les institutions internationales attendent encore les efforts du pays pour une meilleure redistribution des richesses dans la population, mais aussi sur dans les territoires.
Sébastien MARIE-CALIXTE
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